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Sarah Azens

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Sarah Azens
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Sarah Azens
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Nourée
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 Pour les entreprises à impact, la rentabilité est souvent plus longue à atteindre mais c’est un chemin tout à fait envisageable. 

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Sarah crée Nourée à l’été 2020 et finance le lancement de la commercialisation en novembre par l’intermédiaire d’une campagne Ulule. Son objectif ? Rendre ses lettres de noblesse à la chicorée, cette plante tombée aux oubliettes. Et cela démarre d’abord par une boisson chaude et gourmande imaginée comme une alternative au café. Une façon pour elle d'œuvrer à la fois au bien-être de chacun et à la préservation de l’environnement. Du sain, du bon, du local.

Des petites choses pour de grands impacts

Dès le lancement, le projet Nourée s’inscrit dans une démarche d’impact, aussi bien sur la dimension sociale qu’environnementale. L’entreprise bénéficie donc d’un accompagnement adapté, notamment par une structure spécialisée dans le soutien des projets liés à l’économie sociale et solidaire (ESS). Pour Sarah, l’entrepreneuriat à impact c’est notamment “avoir un effet positif sur la consommation” et cela passe en premier lieu par l’alimentation. Comme Sarah le souligne, “la clé d’un changement de société passe par des petits gestes du quotidien. C’est par exemple consommer de la chicorée produite localement plutôt que du café qui vient du bout du monde.” Elle précise d’ailleurs que ce type d’ajustement paraît beaucoup plus accessible que d’arrêter de prendre l’avion, rendre son SUV ou ne plus consommer de viande. “Finalement, c’est un peu comme pour le sujet de la viande. On n’est pas obligé de tout arrêter mais si tout le monde devenait flexitarien en consommant de la viande ponctuellement ce serait déjà énorme”. Ce sont ces petites choses acceptables, sans trop d’impact sur notre quotidien, qui peuvent avoir des répercussions positives considérables.

Un marché du bio encore instable

Il y a 3 ans, quand Sarah se lance, il est difficile d’avoir accès à la chicorée bio. Peu de producteurs avaient pris ce tournant et opérer une transition implique de forts investissements et des délais conséquents. Pourtant, les choses ont vite évolué. Les producteurs ont vu que la demande arrivait, ils ont donc enclenché. Malheureusement, la tendance s’inverse aujourd’hui. Le marché du bio est durement impacté par l’inflation, le coût des produits impacte le budget des ménages et ces derniers font moins de concessions qu’avant le Covid.

Les acteurs du marché en forte demande de renouveau

Pour Nourée, Sarah avait opté pour une stratégie 100% digitale. Elle s'inscrit ainsi dans la mouvance de ces Digital Native Vertical Brand (DNVB). Pourtant, très rapidement, les choses évoluent. Dès le lancement de sa campagne de financement sur Ulule, des magasins lui écrivent et la démarche pour référencer ses produits. “La première enseigne à m'avoir contactée, c’était la Grande Epicerie. Cela faisait à peine quelques jours que j’avais lancé ma campagne sur Ulule. Je croulais sous le travail à tel point que je n’ai pas vu leur mail passer... Quinze jours plus tard, en rattrapant mon retard j’ai vu leur message et repris contact. Ça a été une magnifique opportunité et un très beau tremplin pour ma marque.”

Une minorité suffit pour changer le monde

“J’ai eu la chance de me lancer juste après le COVID. Il y avait une grosse prise de conscience du Made in France, des enjeux de la consommation locale, de l’importance de l’aspect santé.” Au-delà de cet aspect sociétal, les gens étaient également beaucoup moins au bureau. Ils consommaient moins voire plus du tout de café et ont eu envie de tester de nouvelles saveurs. Ce n’était pas calculé mais le timing a donc été un levier pour Nourée. Depuis, le soufflet est un peu retombé. D’ailleurs, Sarah précise que l’entrepreneuriat a impact est loin d’être devenu la norme. Les sites comme Shein continuent de se lancer et cartonnent toujours plus. Pourtant, elle reste très positive. Comme le disait le Harvard Business Review, “il suffirait de mobiliser 10% des collaborateurs pour changer toute l'entreprise”. À l’échelle de la société, les chiffres doivent être similaires. Nous n’avons pas besoin d’avoir 100% d’entreprises à impact pour changer le monde. Une minorité suffit et celle-ci devient de plus en plus grosse aujourd’hui.

La fin de la pureté militante pour avancer plus vite

Quand on lui demande ce qui bloque aujourd’hui le développement de l’entrepreneuriat à impact, elle souligne ce qui se rapproche de la pureté militante. “Les entrepreneurs à impact ont tendance à vouloir que tout soit parfait dès le début. Pourtant, c’est presque impossible. Ce qui compte c’est de faire au mieux et d’avancer dans le bon sens”. Trop de personnes se freinent aujourd’hui en se mettant leurs propres barrières. “Oui pour les entreprises à impact, la rentabilité est souvent plus longue à atteindre car les coûts sont souvent plus élevés et les marges plus faibles, mais c’est un chemin tout à fait envisageable. Nous sommes de plus en plus nombreux à le prouver.”

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